Le digital parmi les solutions d’inclusion financière des acteurs du secteur informel au Congo-Brazzaville

28 décembre 2021

Available in English: Digital among the financial inclusion solutions of informal sector actors in Congo-Brazzaville

Les dix-sept (17) solutions et pratiques financières cartographiées par le AccLab dans le secteur informel congolais en août dernier, ont révélé des tendances au financement solidaire (cf. Une immersion auprès des acteurs du secteur informel au Congo : l’Ethnographie des mécanismes financiers basiques. | Le PNUD en République du Congo (undp.org)).  Cette révélation est un pas de plus vers la prise en main du défi de la résilience des acteurs de ce secteur face aux effets de la pandémie, car ces tendances serviront d’outils d’aide à la décision pour la mise en place du Fonds de crédit revolving du PNUD à leur bénéfice.

Une séance de classification et de filtrage de ces solutions par niveau de maturité, entre le AccLab du PNUD Congo et différentes parties prenantes (les incubateurs, les startups, les comités des marchés domaniaux, les sociétés de téléphonie mobile et les établissements de microfinance), a été organisée fin octobre 2021. Au cours de cette activité intégrée, une solution digitale mature a été retenue pour être proposée à la gestion des flux liés à ce Fonds de crédit revolving. Cette innovation vient à point nommé dans les contextes, international de la révolution numérique, et national de la mise sur orbite du Livre Blanc des postes, des télécommunications et de l’économie numérique, et aussi de l’inscription de l’économie digitale parmi les six (6) axes prioritaires du prochain Plan national de développement (PND 2022-2026). 

Des solutions robustes pour le financement de ce secteur à l’issue de la session de classification et de filtrage

Cet exercice a permis aux participants, sur la base des critères d’éligibilité définis par le AccLab en collaboration avec l’ONG d’appui Fongwama, d’évaluer le niveau de maturité de chaque solution. Ainsi sur les dix-sept (17) solutions, sept (7) ont été considérées comme robustes(ayant le plus grand niveau de maturité avec un prototype testé et fonctionnel), cinq (5) sont jugées potentielles (avec un prototype existant mais non testé) et les cinq (5) autres qualifiées d’embryonnaires (en phase d’idéation ou de conception du prototype).

Parmi les solutions  robustes se trouvent certains mécanismes de transfert de fonds des mutuelles, des crédits et microcrédits ouverts aux acteurs du secteur par des microfinances, et surtout des plateformes numériques développées par un incubateur.

La solution digitale susmentionnée est la plateforme crédit solidaire de l’incubateur Kosala, qui a été collégialement retenue par les parties prenantes comme étant la plus pertinente des solutions au défi du secteur, avec un haut degré d’inclusivité financière et participative.

Après cette classification, une activité d’intelligence collective a été organisée pour améliorer la plateforme.

Une séance d’intelligence collective restructurant la plateforme numérique de gestion, destinée aux acteurs du secteur

Afin de revoir les fonctionnalités de cette application, les mêmes parties prenantes ont procédé début novembre 2021, aux échanges qui ont abouti à une version améliorée. Celle-ci tient compte des réalités vécues par ces acteurs au quotidien sur le terrain.

La plateforme Crédit solidaire présente une interface USSD (principale) et sera une passerelle d’écriture entre les acteurs du secteur informel (commercants, artisans, micro-entreprises etc.) et les structures financières (établissements de microfinances, mutuelles etc.) qui pourraient avoir la responsabilité d’héberger la masse financière de ce Fonds de crédit revolving.

Elle est une solution de bon augure en ce temps des restrictions liées à la crise sanitaire, car elle offre la possibilité à tous ceux du secteur informel d’effectuer les transactions sans se déplacer, à travers n’importe quel type de téléphone mobile. Par sa capacité d’assurer la gestion et le financement numérique de ces acteurs, elle pourvoit une multitude de services à distance, à savoir :

  • le financement via les opérations courantes (dépôt, retrait, transfert, facture, change, virement);
  • le financement participatif pour solliciter des donnateurs en ligne, en soutien aux acteurs du secteur informel;
  • l’accompagnement à travers les formations de base sur la gestion au profit de ces acteurs ;
  • le paiement en ligne via les services Mobile Money et Airtel Money et à des taux préférentiels négociés ;
  • l’assistance sociale pour leur apporter un soutien médical à travers des structures partenaires telles que les réseaux pharmaceutiques.

Cette séance a également permis de cartographier les potentiels partenaires (institutionnels et privés) pouvant interagir dans la mise en oeuvre de cette solution numérique.

Vers quoi s’achemine-t-on avec cette plateforme ?

Le AccLab s’associera de nouveau aux parties prenantes pour conduire un processus d’expérimentation de la plateforme Crédit solidaire, pour en faire un véritable outil de facilitation de l’inclusion financière au Congo, si les résultats s’avèrent in fine prometteurs.

Cette plateforme générera de nombreuses données (les profils des utilisateurs, les flux des transactions etc.) si bien que les questions d’hébergement, de gestion et de propriété de celles-ci seront abordées lors nos prochaines discussions. 

Par Matt SEINZOR, Responsable de la Cartographie -AccLab Congo