Allocution de Monsieur Maleye DIOP, Représentant Résident du PNUD à l’ouverture du séminaire de formation de la force publique sur les droits de l’homme dans le contexte de la lutte contre la COVID-19

25 mai 2021

Monsieur le ministre de la Défense nationale,

Monsieur le ministre de la Sécurité et de l’Ordre Public,

Monsieur le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme,

Mesdames et messieurs les membres du bureau de la Commission Nationale des droits de l’homme,

Mesdames et messieurs les participants,

Distingués invités, Mesdames et messieurs,

La pandémie de la COVID-19 qui frappe l’humanité entière depuis bientôt près de deux ans, avec des conséquences diverses sur les populations, met à rude épreuve les gouvernements du monde dans la recherche des solutions pour y mettre fin. Les menaces que fait peser la pandémie sur les pays sont considérables et nombreuses.

Parmi les conséquences très redoutées figurent les atteintes aux Droits de l’Homme qui résultent soit des décisions des autorités pour réduire la propagation de la pandémie, soit des mauvaises pratiques des agents de l’administration, singulièrement les agents de la force publique dans beaucoup de pays, dans le cadre  de la mise en œuvre des mesures de lutte contre la pandémie.

Le droit international des droits humains garantit à chacun le droit au meilleur état de santé possible et oblige les gouvernements à prendre des mesures pour se prémunir contre les menaces à la santé publique.

Le droit relatif aux droits humains reconnaît également que dans le cadre de graves menaces pour la santé publique et en cas d’urgence publique menaçant la vie de la nation, les restrictions de certains droits peuvent être justifiées si elles ont une base légale et sont strictement nécessaires.

Mais ces mesures doivent être respectueuses de la dignité humaine, proportionnées en vue d’atteindre l’objectif fixé. Cela appelle à la notion des droits humains.

Le Secrétaire général des Nations, M. Antonio Guterres constate effectivement que cette crise humaine touche aussi les droits de l'homme.

C’est pourquoi il en appelle aux acteurs de ce combat contre la pandémie en demandant que (je cite) «les droits de l'homme peuvent et doivent orienter l'action face à la COVID-19 et le travail de relèvement ».

Dans la lutte contre la pandémie, une attention particulière doit être portée aux droits humains, à l’instar du respect des principes de la non-discrimination, la transparence, la non-discrimination, etc., gage de l’efficacité de la réponse à la pandémie.

Le Programme des Nations Unies pour le Développement, comme vous le savez, met en œuvre des actions en appuis aux gouvernements des pays en vue  lutte contre les injustices la pauvreté, les inégalités et les conséquences des changements climatiques en veillant à l’inclusion et ne laisser personne pour compte.

Qu’il s’agisse des citoyens ordinaires ou des groupes vulnérables, chaque citoyen doit bénéficier de la protection de ses droits en toutes circonstances, y compris dans le contexte actuel de lutte contre la pandémie de la COVID-19.

Ici se trouve interpellés tous les acteurs qui ont en charge la protection de droits de l’homme au sein de la communauté nationale, force publique, personnel judiciaire, élus, société civile, autorités administratives centrales et locales.

Messieurs les ministres, Monsieur le Président, Mesdames, messieurs,

Loin d’être sans fondement, l’appel du Secrétaire Général de l’ONU en faveur de la protection des droits de l’homme se justifie par la tendance persistance des faits signalés un peu partout dans le monde des violations des droits humains liées à la pandémie de la COVI-19.

La force publique est souvent indexée comme auteure des faits d’atteintes aux droits des citoyens sur qui ils ont la responsabilité de faire respecter les mesures édictées par les gouvernements pour lutter contre la pandémie.

Les contrôles arbitraires ou réputés intempestifs, les humiliations des citoyens, les violences policières, allant parfois jusqu’à la commission de bavures regrettables, j’en passe, tel est le lot de ce qui est reproché à la force publique en cette période de lutte contre la Covid-19.  

Dans le même registre se trouve logé le personnel soignant dans les hôpitaux et autres centres de santé n’est pas épargné. Il leur est reproché souvent de porter atteinte aux droits des malades, rendant ainsi difficile l’accès aux soins et autres services de santé.

Or, en matière de lutte contre la COVID-19, les droits humains qui figurent en première ligne sont entre autres le droit à la santé, l’accès aux soins, le droit à la vie et le devoir de tous de la protéger.

Les questions du nombre croissant de violences domestiques ont été aussi répertoriées comme conséquence des périodes de confinement et de l’impact socio-économique de la pandémie à Coronavirus.

Bref, beaucoup de droits humains ont tendance à être violés par beaucoup d’auteurs dans le contexte de la COVID-19.

Messieurs les ministres,

Monsieur le Président,

Mesdames, messieurs,

En même temps que la force publique, les agents de santé et autres personnels de l’administration, sont mis en cause, tout le monde jetant sur eux le regard, il n’en reste pas moins que ces derniers sont eux aussi titulaires des droits.

En effet, dans l’exercice de leurs métiers, les agents de la force publique, le personnel de santé, les autres agents de l’administration souvent incriminés, n’ont pas que des devoirs. Ils ont aussi des droits que leurs reconnaît la loi, dans le cadre de leurs fonctions.

De ce point de vue, les initiatives comme les séminaires qui s’ouvre ce matin ne doivent pas être considérées comme organisées contre eux mais plutôt pour eux aussi. Les rencontres de ce genre leur permettent de renforcer et/ou améliorer la connaissance et la maîtrise de leurs devoirs, mais aussi de leurs droits.

En un mot, le message à lancer ici est celui de d’exécuter avec doigté les mesures de lutte contre la pandémie en veillant à ne pas porter atteinte des droits de l’homme, quand bien même, cette restriction est pourtant nécessaire pour préserver la santé des populations. Un exercice difficile mais pas du tout impossible.

L’action des pouvoirs publics de lutte contre la pandémie devrait s’inscrire dans le respect strict des normes contenues dans les textes internationaux qui garantissent la protection des droits de l’homme dont entre autres :

  • la protection de la liberté d’expression et la garantie de l’accès aux informations (sur la pandémie) ;
  • le respect des normes relatives aux droits de l’homme lors des quarantaines, des interdictions de voyager ou des confinements et des auto-isolements ;
  • le droit à la protection détenus et des personnes se trouvant dans des lieux de rétention ;
  •  la protection du personnel de santé et aussi des agents de la force publique ;
  • le respect du droit à l’éducation en cas de la fermeture de l’école ;
  • le droit à l’assistance aux familles, aux mères et aux enfants ;
  • la protection de la confidentialité des patients ;
  • la lutte contre la discrimination et la stigmatisation des  personnes atteintes de la COVID-19 ;
  • la protection des droits des personnes marginalisées à l’accès aux services de santé, la liste est longue.

Je voudrais pour terminer, dire que le PNUD reste reconnaissant à la Commission Nationale des Droits de l’Homme et à son Président, du partenariat qui s’est noué entre nos deux structures et qui se traduit entre autres actions, par l’organisation du présent séminaire. Ce qui nous donne l’opportunité  de contribuer à ce rendez-vous d’échanges avec la force publique sur une thématique Hautement importante pour la lutte contre la pandémie de la Covid-19.

J’ai un grand espoir que ce séminaire permettra de clarifier le rôle de ces braves et loyaux serviteurs de l’Etat que sont les agents de la force publique dans ce la lutte contre la pandémie de la COVID-19 dans le respect des droits humains dans ce contexte particulièrement difficile et sensible à la fois. 

Je vous remercie sincèrement de votre aimable attention.